Pourquoi a-t-on peur du solfège ?
Le solfège souffre d'une mauvaise réputation. C'est indéniable. Limite on fait une grimace quand on prononce ce mot ! est-ce vraiment justifié ?
N'ayez pas peur du solfège !
Ennuyeux, trop complexe, rébarbatif…En voilà autant d’adjectifs négatifs que les gens utilisent pour qualifier le solfège. Apprendre la théorie musicale fait peur. Rien qu’en entendant le mot solfège, les gens imaginent déjà le pire. Ils ont en tête un travail fastidieux, interminable et qui pourrait éteindre à jamais leur passion pour la musique.
Beaucoup d’adolescents ont en effet abandonné le conservatoire et ont séché les cours de musique au collège pour ne pas avoir à apprendre le solfège. Faut-il commencer par la théorie musicale lors de l’apprentissage de la musique ? C’est aussi une question qui se pose fréquemment. Mais pourquoi cette peur pour le solfège ? Focus sur le sujet !
Bien comprendre le principe du solfège
Par définition, le solfège est un système de notation musicale utilisé en Occident depuis des lustres. Il est composé de deux paramètres sonores. Il faut citer en premier lieu les hauteurs de sons qui se traduisent par de petits ronds placés sur une portée comportant 5 lignes horizontales. Il y a aussi les rythmes définis par les durées de sons et les silences. Pendant les cours de solfège donc, il faudra d’abord déterminer la place des notes sur la portée. Les bases du solfège sont sur Musiclic !
Ensuite, il faut savoir compter le temps pour maîtriser le rythme. Au fur et à mesure où l’apprentissage avance, les choses se compliquent. Il faudra apprendre des accords de formation complexe, découvrir différentes clefs et diverses modulations. Notons que l’objectif, c’est de pouvoir solfier, d’identifier toutes les notes et d’interpréter les symboles se trouvant sur la partition.
La peur du solfège, une réalité ?
Un article publié dans une tribune du Monde le 23 août 2012 a évoqué le cauchemar vécu par les jeunes musiciens qui ont appris le solfège au conservatoire. Il s’agit de la chronique de Murielle Radault. A priori, la théorie musicale est devenue une véritable bête noire pour les élèves et ils sont nombreux à avoir arrêté les études du jour au lendemain. A en tenir compte, la peur du solfège n’est pas une simple idée reçue.
C’est une réalité et elle ne concerne pas uniquement les enfants. Beaucoup d’adultes qui souhaitent apprendre à jouer d’un instrument de musique redoutent l’idée de commencer par la théorie musicale. La plupart d’entre eux hésitent à intégrer le conservatoire ou une école de musique qui applique la méthode d’apprentissage traditionnelle. Ils cherchent une autre alternative.
Les causes de cette peur
D’après la chronique de Murielle Radault, il y a beaucoup à dire. La chroniqueuse a pratiquement donné une mauvaise image au solfège. Elle le décrit comme une méthode contre productive. A quoi est due cette peur du solfège ? Les raisons sont nombreuses.
Une faille du système éducatif en France
Le système éducatif en France est accusé être la première cause du problème. Il faut dire que l’Education Nationale a longtemps négligé l’apprentissage musical. Elle n’a pas mis en place un système bien structuré qui pourrait améliorer le résultat. Les élèves sont obligés de fournir beaucoup d’efforts et ils sont tenus de réaliser un travail fastidieux. Du coup, apprendre la musique ne leur procure le moindre plaisir. Or, cela doit être le cas. C'est même la première des choses à recevoir.
Il faut rappeler que la musique est un art et sa pratique devrait être passionnante. Sans la passion et le plaisir, son apprentissage n’est pas nécessaire, ce qui donne raison aux jeunes ayant déserté le conservatoire. Face à la complexité du travail qui les attend, ces derniers ne sont plus motivés. Ils finissent même par se désintéresser complètement de l’apprentissage de la musique.
Un problème pédagogique
A part la faille au niveau du système éducatif, la qualité de la méthode pédagogique utilisée s’ajoute sur la liste des causes de cette crainte de la théorie musicale. En effet, elle est jugée trop archaïque et poussiéreuse. Il faut ajouter au lot son manque de souplesse. Les jeunes apprentis musiciens doivent entasser dans leur cerveau une multitude de connaissances qu'ils ne comprennent pas forcément.
Certes, comme dans d'autres matières comme les Maths, la théorie peut paraitre abstraite. On ne comprend pas toujours pourquoi on apprend telle ou telle notion si elle n'est pas utilisée dans un contexte précis et concret. En musique, justement, on a la chance de pouvoir comprendre cela, de faire le lien entre les notes, les sons, la mélodie, l'harmonie et la théorie.
Notons que la formation musicale mise en vigueur en France depuis 1977 oblige les jeunes à maîtriser la science musicale de A à Z. Ainsi, les enfants doivent passer des années à déchiffrer des partitions, lire et comprendre les notes, le rythme et les différents symboles sur la portée, à lire les rythmes et à effectuer des dictées d’intervalles avant de pouvoir apprendre à jouer d’un instrument. La question qui se pose est : est-ce une nécessité absolue ?
A quoi sert de connaître toutes les gammes pour un jeune flûtiste de 8 ans. Est-ce qu’un violoncelliste a réellement besoin de connaître la clé de fa ou d’ut 3 ? Une réforme s’avère être nécessaire. En ajout à tout cela, les formateurs s’attendent à ce que les enfants fassent un énorme progrès dans un délai relativement court. Une telle pression ne peut que générer du stress.
Sans vouloir faire de la pensée philosophique, le système scolaire français met plus l'accent sur les notes, la performance que sur le plaisir et l'envie. Il faut avant tout donner envie aux enfants d'apprendre la musique. Cet apprentissage doit aussi se faire aussi de façon ludique, décontractée, intéressante pour des enfants. Remarquons que dès le plus jeune âge, on apprend les sons, les rythmes ... par le jeu. Mais dès qu'on entre dans un système plus ambitieux, la rigueur prend le dessus. On met peut-être trop l'accent sur l'excellence. Peut-être est-ce une bonne chose après tout. Je ne suis pas là pour juger de cette affirmation !
L’image donnée au solfège
Depuis longtemps, le solfège a acquis une mauvaise image vu que le nombre d’apprentis musiciens ayant abandonné le navire a augmenté. Du coup, l’idée de l’apprendre effraie tout le monde. En réalité, les gens ont surtout peur de faire face à un apprentissage complexe qui ne leur causera qu’une perte de temps. Outre cela, il est souvent dit que le fait de maîtriser le solfège nuit à la créativité.
En effet, certains musiciens pensent que les experts en théorie musicale ne font qu’appliquer les connaissances acquises. Ainsi, ils oublient d’ajouter de l’émotion dans l’interprétation et ils n’arrivent pas à faire la moindre improvisation. S’agit-il d’une peur fondée ?
D’un côté, la peur du solfège est une chose légitime, compte tenu de sa mauvaise réputation. Par ailleurs, la plupart des formateurs n’arrivent pas à changer cette image erronée de la méthode. Toutefois, il n’y a pas de raisons valables à cette crainte. Maîtriser le solfège présente même des avantages. La majorité des musiciens qui ont réussi leur cursus en matière de théorie musicale se démarquent par leur virtuosité. En effet, ils sont capables d’interpréter n’importe quel morceau de musique.
Qu’en est-il du problème de créativité ?
En réalité, tout dépend de la passion et du talent du musicien. La maîtrise de la théorie musicale ne doit pas constituer un obstacle à la créativité. Au contraire, elle devrait booster votre imagination. De plus, sachez qu’il est impossible de ne pas ressentir de la fierté lorsque vous avez le diplôme en main. Vous allez seulement vous dire que vous avez récolté le fruit de vos efforts.
En ajout à tout cela, sachez que la maîtrise du solfège facilite beaucoup l’apprentissage d’un instrument. Vous pourrez même réaliser des improvisations exceptionnelles avec une bonne base en théorie musicale.
Et à propos de la perte de plaisir... Une fois de plus, c’est une simple idée reçue. Certes, il faut travailler dur surtout à l’approche des examens. Pourtant, la pression n’est pas aussi importante. Les examens ne constituent qu’une simple formalité. Ils ne devront pas causer de stress. De plus, au fur et à mesure où vous maîtrisez vos leçons, vous allez prendre plaisir en jouant vos morceaux préférés.
Si on prend un parralèle, est ce qu'un chef cuisinier aura moins d'inspiration s'il connait beaucoup de recettes, de tours de main ? Est il moins créatif s'il en sait plus sur le plan théorique ? Avoir un savoir, une technicité, n'empêche pas la créativité. Au contraire ! A l'inverse, ceux qui n'ont pas de technique sont restreints à ce qu'il savent faire. Ils n'en sortent pas, ils tourned en rond. Pour bien faire, il faut doser un peu de tout : du travail technique, de la connaissance théorique, des études de morceaux et aussi quelques moments où le musicien peut s'exprimer et laisser sa créativité. Tous ces mondes peuvent co exister.
Faut-il avoir peur du solfège alors ?
La réponse est NON. Il n’y a aucune raison de craindre cette formation musicale. Au contraire, elle pourrait vous aider à devenir un prodige de la musique. En revanche, pour éviter les soucis générés par la complexité de la méthode, les formateurs devront miser sur une méthode ludique et attrayante. Autrement dit, les former à aborder le solfège d’une façon moins austère est la solution idéale. Et c'est ce que je m'efforce de faire sur Musiclic ! Vous donner envie d'apprendre le solfège sans que cela soit une corvée !
Connaitre le solfège pourra vous aider à mieux maitriser votre stress. Avoir une solide connaissance théorique pourra vous aider
Outre tout cela, il ne faut pas considérer l’enseignement de la musique comme une activité banale, qui sert à occuper les enfants le mercredi après-midi ou le samedi. Il doit avoir une place importante dans leur éducation.
Publié par Bertrand le 15/11/2019