Histoire du Jazz
Découvrons le Jazz, depuis sa naissance à celui que nous connaissons aujourd'hui.
Le Jazz, des origines au jazz contemporain
Le jazz, c’est une musique qui existe depuis plus de 100 ans. Son centième anniversaire a été célébré en 2017. Pour les passionnés, c’est un genre musical hors du commun, une véritable source de vie et d’inspiration.
Mais pour les initiés, c’est une musique complexe. Il faut dire qu’entre les rythmes peu communs et les improvisations, c’est difficile de s’y retrouver.
Mais le jazz, c’est quoi exactement ? On peut dire que c’est une musique métissée puisqu'elle provient effectivement de l’association de différents genres musicaux.
Cependant, cette définition est incomplète puisque le jazz n’a pas cessé d’évoluer et de se transformer. Pour bien cerner ce style de musique, il va falloir connaître ses origines.
Le jazz, une musique de campagne
Si vous ne le savez pas encore, le jazz est bel et bien une musique de campagne. Il a vu le jour grâce aux chants de travail des esclaves afro-américains. Découvrez toute l’histoire.
L’origine du work song
L’histoire du work song remonte à l’époque coloniale. Plus de deux millions de paysans africains ont été déportés sur des bateaux vers l’Amérique pour réaliser des travaux agricoles dans des plantations. Les premières vagues arrivaient en Virginie 1679. Ils travaillaient comme des esclaves dans les champs de coton, de café ou encore de canne à sucre et avaient reçu de mauvais traitements.
Au fil du temps, les attentes des propriétaires des plantations en matière de productivité n’ont pas cessé de croitre. Les esclaves travaillaient donc à un rythme effréné. Ils réalisaient généralement du travail à la chaîne. Ils avaient pour habitude de chanter pendant l’exécution de leurs tâches. Les chants qu’ils entonnaient étaient baptisés « Work songs ».
Les fonctions des chants de travail
Les esclaves se servaient des « works songs » afin d’alléger la dureté de leur travail. Cela apaisait également la douleur causée par l’oppression, tant sur le plan physique que mental. Ces chants de travail dégageaient une sorte d’émotion particulière puisqu’ils les rattachent à leurs pays d’origine.
Chanter, c’était également un moyen de vaincre l’ennui provoqué par la monotonie du travail. Faire les mêmes choses tous les jours et sous différentes formes de contraintes n’était guère facile.
Mais ce n’est pas tout ! Grâce au Work Song, les esclaves pouvaient synchroniser leurs mouvements lors de l’exécution des travaux de champs. Notons qu’ils réalisaient un véritable travail à la chaîne. Les outils de travail et les soupirs d’efforts donnaient les rythmes. Autrement dit, ils faisaient office d’instrument de musique.
En ajout à tout cela, le work song constituait un outil de communication. Il permettait de localiser un ouvrier, de signaler le début d’une tâche ou de planifier une rébellion. Parfois, les travailleurs modifiaient la parole. Enfin, les chants de travail permettaient aux travailleurs de renforcer leur solidarité et les sentiments qui les liaient.
La forme des chants de travail
En général, le work song revêtait la forme de « call and response » ou appel et réponse. Un soliste, principalement une des paysannes, commence le chant. Le reste des travailleurs chante en chœur en guise de réponse. Or, le « Call and Response » fait partie des fondements du jazz. Voilà pourquoi, on dit que le jazz puisait sa racine dans les chants de campagne.
Le « call and response » dans le jazz se définit comme la succession de deux phrases musicales. C’est une sorte de dialogue entre deux instruments de musique. Le premier propose une mélodie et l’autre y répond en improvisant. Le son du tambour pourrait par exemple déclencher des notes de piano exceptionnelles et ainsi de suite.
La technique du « call and response » engendre une forte collaboration entre les musiciens. Si vous les regardez à l’œuvre, vous aurez l’impression qu’ils sont en train de jouer et qu’ils ne produisent aucun effort. Pourtant, l’application de cette technique demande beaucoup de pratique et d'entraînement. La capacité des autres musiciens à écouter l’offre et à y répondre est très importante s’ils veulent créer quelque chose de beau et d’intéressant. Notons que plusieurs jazzmen utilisent encore cette technique.
Le Jazz et les chants d’église
Le chant d’église ou négro spiritual a aussi vu le jour dans les plantations de coton dans le sud des Etats-Unis, vers le XVIIIe siècle. Il est aussi considéré comme une racine puissante du jazz.
L’origine du Négro spiritual
L’origine du negro spiritual est toujours liée à l’esclavage. Lorsque les Africains étaient arrivés sur le continent américain, ils avaient subi toute sorte de dressage. Les hommes blancs qui étaient leurs propriétaires appelaient cela « le seasoning ».
Les esclaves noirs étaient non seulement séparés de leur pays et de leur famille, mais ils avaient aussi changé de nom. Ils devaient également apprendre la langue de leurs maîtres et leur religion. En somme, ils étaient complètement déracinés. Leurs propriétaires les interdisaient également de chanter leurs « works songs ». Ils ne pouvaient fredonner que des hymnes et des chorales chrétiens.
Mais les esclaves afro-américains ont décidé d’interpréter ces chansons chrétiennes à leur manière. C’est ce qui a donné naissance aux négros spirituals. Il s’agit d’une sorte de mélange entre les chants de travail et les chants d’église. Tout comme les « works songs », les negros spirituals étaient aussi chantés en a cappella.
Les fonctions du négro spiritual
Tout comme le « work song », le negro spiritual a permis aux esclaves afro-américains de créer des liens encore plus forts. Mais il symbolisait également l’espoir d’un peuple opprimé. Il faut dire que les esclaves noirs espéraient toujours sortir de l’enfer et retrouver ainsi leur liberté.
Ils se servaient également de ces chants pour communiquer entre eux de façon discrète. Lorsqu’un esclave voulait s’échapper pour tenter de retrouver la liberté en prenant le chemin de fer clandestinement, il utilisait le negro spiritual pour avertir les autres.
La forme du negro spiritual
Puisque les Negro Spirituals sont des chants religieux, leurs paroles sont généralement inspirées de la Bible. Ils peuvent évoquer un personnage célèbre comme Abraham, Adam, Eve, Moïse, Marie, Jésus ou Dieu. Il se peut aussi qu’ils racontent une histoire biblique comme celle de la mer Rouge.
Les Negro Spirituals peuvent revêtir différentes formes. Certains chants sont basés sur le principe de la fameuse technique « Call and response ». Raison pour laquelle, les chants religieux sont considérés comme l’une des origines du jazz.
Toutefois, d’autres chants avaient également un aspect lent et mélodique. Ils comportent des phrases musicales très expressives comme Deep River et Balm in Gilead. Le negro spiritual peut également être rapide et rythmé. C’est le cas lorsqu’il raconte une histoire en particulier. Parmi les titres les plus connus de cette catégorie, il y a « Every Time I Feel the Spirit » et « Joshua fit the Battle of Jericho ».
C’est le negro spiritual qui a donné naissance au gospel. En réalité, c’est du negro spiritual accompagné d’instruments de musique incluant entre autres :
- La trompette
- Le saxophone
- Le trombone
- L’orgue Hammond
Le gospel-jazz
Le negro spiritual a aussi donné naissance au gospel-jazz. Cette combinaison était peu appréciée puisque si le gospel est un chant d’église, le jazz est considéré comme de la musique profane. Pourtant, leur association a permis l’apparition d’œuvres musicales vraiment uniques.
Il suffisait en effet de quelques arrangements pour que les musiques sacrées dégagent une atmosphère jazz. Nombreux sont les grands artistes à avoir transformé les « Spirituals » et les « gospels » en mode jazz pour ne citer que Louis Armstrong et Hank Jones.
Le célèbre Duke Ellington peut vous émerveiller avec l’arrangement de « Comme Sunday », « The Lord’s prayer « et « Almighty God has Those Angels ».
Dave Brubeck a composé des musiques sacrées inspirées du thème gospel-jazz comme « Lord, Lord ». Vous trouverez aussi dans les créations de la pianiste féminine du jazz, Mary Lou Williams, des pièces merveilleuses comme « Black Mass of the Andes ».
Le jazz et le blues
Les connaisseurs considèrent le blues comme le « papa historique du jazz ». Mais il faut dire qu’il influence plusieurs genres musicaux pour ne citer que le rock.
Le blues, c’est quoi ?
Il s’agit d’un thème musical qui a vu le jour dans la communauté afro-américaine. Il s’agit aussi d’un dérivé des chants de travail. L’histoire de ce genre musical a débuté dans le sud des Etats-Unis vers le XIXe siècle. Le blues est une complainte chantée, c’est-à-dire, le chanteur exprime sa tristesse. En revanche, les thèmes abordés n’ont rien à avoir avec les cantiques. En d’autres termes, c’est une version profane du negro spiritual et du gospel.
En effet, les chants religieux étaient comme une prière adressée à Dieu. Les esclaves noirs avaient espéré une aide divine pour mettre fin à leur vie de misère. Mais le blues, parlait plutôt de la situation sociale comme la pauvreté, la solitude, la ségrégation raciale, l’amour, le sexe ou encore l’alcool.
Saviez-vous que le terme « blues » est une abréviation de l’expression anglaise « blues devils » ou « diables bleus ». Elle signifie « idées noires ». Ce n’est point étonnant que les blancs aient qualifié le blues de « musique du Diable ».
La technique du blues
Les Afro-américains étaient finalement émancipés après la Guerre de Sécession ou Civil War. Le traité de l’abolition de l’esclavage a été signé en 1865. Cette émancipation a touché le domaine de la musique. En effet, les Afro-américains ont récupéré les instruments des fanfares comme les percussions et les cuivres sur les champs de guerre. Ils ont donc commencé à jouer de la musique.
Le blues était le style musical joué à l’époque. Il est assez complexe surtout si vous commencez à apprendre la musique. Les notes blues sont effectivement caractérisées par une confusion entre les gammes majeures et mineures. Il faut dire que l’objectif avec ce genre de musique, c’est d’accentuer l’effet de lamentation. En général, les compositeurs de musiques blues se servent de la gamme pentatonique mineure. Les phrases musicales sont construites autour d’elle.
Au début, les afro-américains utilisaient des instruments rudimentaires pour jouer du blues. Il y avait une sorte de corde fixée sur une planche nommée diddley bow et un cruchon en terre appelé jug. En guise de percussion, ils utilisent une planche à laver nommée washboard.
Dans les collines du Mississipi connues sous le nom de « Hill country », on jouait du « Fife and drums ». C’était une autre forme ancienne du blues. Un joueur de fifre en bambou guidait un ensemble de percussions. Actuellement, les amateurs du blues utilisent des instruments simples qui permettent d’obtenir un son bien langoureux. C’est le cas du piano, de la guitare acoustique et de l’harmonica.
Le jazz blues
Le jazz blues s’inspire évidemment de cette musique du diable. C’est un style musical combinant le jazz et le blues. A en tenir compte, vous y trouverez les mesures typiques du blues notamment les blues notes et le mélange du mineur et du majeur. Pourtant, il révèle une forme plus sophistiquée. Certains accords ont été modifiés ou remplacés par d’autres pour donner une couleur différente à l’œuvre musicale.
Plusieurs artistes et musiciens ont façonné le blues à leur manière. Ils ont réussi à obtenir des pièces à la fois nonchalantes et stylées. Ces œuvres sublimes sont à découvrir dans les répertoires des légendes du jazz comme Duke Ellington, Miles Davis, John Lee Hooker, John Coltrane et Ella Fitzgerald.
Le jazz et le ragtime
Le ragtime fait partie des précurseurs du jazz. C’est un genre musical apparu aux Etats-Unis en 1897, mais qui a disparu en 1917.
Son histoire
La musique des esclaves noirs est aussi à l’origine du ragtime. Mais elle a été mélangée avec de la musique classique européenne. Cette combinaison a donné naissance à un style musical plus rythmé. Les connaisseurs pensent que c’est la forme instrumentale de la musique afro-américaine. Cependant, ce n’est pas vraiment le cas. Que signifie le terme ragtime ?
En réalité, le ragtime désigne un syncopé. C’est un motif rythmique régulier qui est interrompu soudainement par une note. Mais ce terme est aussi utilisé pour désigner une forme de chant jubilaire connue sous le nom de ragging. Les esclaves noirs le chantaient dans les cérémonies religieuses avant leur émancipation.
Au début, le ragtime était une musique jouée avec un piano. Il a connu une forte popularité grâce au compositeur et pianiste américain Scott Joplin. Ce dernier a lancé une pièce musicale intitulée « Maple Leaf Rag » qui met en avant ce style musical. Si vous voulez bien connaître le ragtime, vous devez étudier cette œuvre.
Plus tard, quelques compositeurs ont aussi travaillé sur ce thème. Vous trouverez sur la liste James Scott qui a proposé des compositions intéressantes comme « Everybody Loves My Baby » et « The Continental ». Il y a aussi Jelly Roll Morton avec Les Cascades en 1915.
Les caractéristiques du jazz ragtime
Si le ragtime a ce rythme particulier, c’est parce qu’il s’inspirait d’une danse populaire afro-américaine appelée cakewalk. Il a bel et bien disparu en 1917, mais les jazzmen ont conservé de ses éléments. C’est le cas de la technique nommée stride piano. C’est de la syncopation, assez difficile à maîtriser surtout pour les musiciens amateurs.
Le principe est de faire des improvisations avec des éléments syncopés et mélodiques avec la main droite. En revanche, la main gauche doit sauter une note basse et un accord. Vous pouvez donc reconnaître le jazz ragtime avec son rythme syncopé très fort. Les compositeurs ajoutent souvent des notes à intervalles irréguliers dans les phrases musicales.
Le Jazz à la Nouvelle Orléans
Berceau du Jazz, tel est le nom attribué à la Nouvelle-Orléans. C’est une ville de la Louisiane, se trouvant dans le sud des Etats-Unis, le long des rives du Mississippi.
L’histoire du jazz à la Nouvelle-Orléans
La Nouvelle-Orléans était une ville réunissant plusieurs groupes ethniques. Elle se démarque donc par sa richesse culturelle. Selon l’histoire, elle a été fondée par les Français. Pourtant, elle est incluse dans le territoire américain. La Nouvelle-Orléans bénéficie d’une identité culturelle unique. Elle est d’origine caribéenne, française, africaine et espagnole. Surnommée « Big Easy », elle était également le théâtre de nombreuses activités musicales.
Bon nombre des Afro-américains abolis de l’esclavage ont vécu dans cette ville. Certains d’entre eux étaient sans emploi, elles ont trouvé refuge à Storyville. Ce fut dans ce quartier des plaisirs que la musique jazz a vu le jour. Elle mettait en évidence la lutte sociale et les revendications de ces Afro-américains. Les brass bands sont nés et ils animaient divers évènements comme les carnavals, les « jazz funerals » et les « bals ».
Après la fermeture du quartier, les musiciens étaient obligés de se rendre dans d’autres villes dont Chicago et New York. C’est ce qui a généré le développement de la musique jazz. Les musiciens afro-américains originaires de La Nouvelle-Orléans se produisaient dans des bars clandestins. Leur jazz était devenu une musique très à la mode.
Les caractéristiques du jazz de la Nouvelle-Orléans
Vous avez appris depuis le début que le jazz est un style musical ultra métissé. C’est la fusion du blues, du ragtime et des rythmes européens et caribéens qui a donné naissance à cette variante issue de la Nouvelle-Orléans. En effet, les musiciens afro-américains de la ville se sont inspirés des musiques de fanfares. Leur choix au niveau des instruments mettait aussi en évidence ce mélange des cultures.
Au début, ils utilisaient des éléments africains comme la batterie. Mais pour obtenir des sons plus riches, les jazz bands de la région ont commencé par se servir de cuivres. Parmi les instruments de musique qu’ils jouaient, il y avait du trombone, de la clarinette, du tuba, du saxophone, de la trompette et des percussions. Au fil du temps, les groupes finissaient par se produire dans des cabarets. Ils ont alors ajouté des instruments plus sophistiqués dans l’ensemble comme le piano.
Le jazz de La Nouvelle-Orléans était vraiment unique. Il devait son authenticité à sa richesse en improvisation. Le leader incitait les musiciens à proposer leurs propres idées pour enrichir les morceaux. Cela s’appelle de l’improvisation collective. Elle est devenue la signature du jazz de la Nouvelle-Orléans. Il est plus spontané et les musiciens avaient plus de liberté. Ils pouvaient exprimer librement leurs émotions à travers leurs jeux.
L’évolution du jazz de la Nouvelle-Orléans
Vous devez savoir que c’est ce style de jazz de la Nouvelle-Orléans qui a inspiré la musique jazz que vous connaissez aujourd’hui. Il constitue un véritable laboratoire musical. C’est une variante festive et très inventive, qui a apporté un nouveau souffle au jazz blues et au jazz ragtime. Elle était jouée dans les rues, dans les bars et les cabarets. C'était la musique des adeptes des sorties nocturnes.
Notons que la prohibition qui s’est instaurée en Amérique dans les années 20 a contribué au développement et à l’expansion du jazz. Mais cela a aussi nuit à sa réputation. Il était devenu la musique du diable, un style musical immoral.
Plusieurs jazzmen incluant de simples interprètes et des compositeurs ont marqué cette époque à savoir :
- Kid Ory avec son trombone,
- Buddy Bolden,
- King Oliver,
- Louis Armstrong,
- Johnny Dodds….
Le Jazz et le swing
Les années 30 ont beaucoup marqué l’histoire du jazz. Il a été finalement reconnu comme un genre musical à part entière. Avec cette reconnaissance, le jazz a une fois de plus changé de forme et de style grâce à l’apparition du swing.
L’histoire du jazz swing
Le swing avec son rythme captivant, c’est l’essence du jazz. Il a vu le jour au cours d’une période très importante dans l’Histoire du Jazz. Cette époque du Swing est nommée « ère des big-bands ». Elle est associée à la forte popularité du jazz. En effet, la Grande Dépression causée par la crise économique de 1929 n’a pas freiné les groupes et les orchestres de jazz. Ils continuaient à se développer dans plusieurs régions des Etats-Unis. Le jazz a pratiquement franchi la frontière de la Nouvelle-Orléans.
Cette ère était aussi particulièrement féconde pour de nombreux musiciens. Le saxophoniste Lester Young et le trompettiste Roy Eldridge étaient ultra célèbres à l’époque. Plusieurs big-bands s’étaient aussi formés. Des blancs à l’instar de Glenn Miller et Benny Goodman étaient à la tête de certains groupes. D’autres ont été dirigés par des noirs à l’instar de Count Basie et Duke Ellington. La chanteuse légendaire Ella Fitzgerald a d’ailleurs rejoint l’orchestre de ce dernier.
Les caractéristiques du jazz swing
Si vous écoutez de la musique jazz, mais que vous n’arrivez pas à frapper les bons temps, c’est du swing. Pour quelqu’un qui vient d’apprendre la musique, il vous sera difficile de cerner ce style musical. Il peut vous faire danser, mais à un rythme méconnaissable. En tout cas, il faisait swinguer les spectateurs des big bands dans les clubs de Harlem comme le Savoy Ballroom.
S’il faut parler de la structure du swing, elle est formée de couplets, de refrains et d’une partie de solos improvisés. Selon les musicologues, il bénéficie d’une ligne rythmique assez spéciale. C’est une combinaison des rythmes binaire et ternaire. C’est ce qui donne l’effet swing. Si vous voulez maîtriser le jazz swing, commencez par écouter les œuvres des géants de l’époque. Count Basie et Duke Ellington sont deux noms à retenir.
Le Jazz Manouche
Il est temps de faire un petit détour en France. Dans les années 30, le pays a été aussi marqué par l’apparition d’un style de musique un peu particulier. Il s’agit du jazz tzigane ou jazz manouche.
L’histoire du jazz manouche
Ce style de jazz a vu le jour grâce au guitariste Django Reinhardt. C’est une combinaison du « swing américain », de la musique de danse populaire française et de mélodies gitanes. Son créateur était aussi un grand fan de musique classique. Il aimait particulièrement les œuvres de Debussy. Il s’est probablement inspiré de la musique classique lors de la création de ce style de jazz.
Notons que l’apparition du jazz tzigane était quelque chose de nouveau dans l’histoire du jazz. Il faut dire qu’un seul musicien a réussi à le créer. Le jazz manouche est devenu très populaire dans les années 30 grâce au « Quintet du Hot club de France ». Le groupe était dirigé par Django Reinhardt et Stéphane Grappelli. Les instruments de musique qu’ils utilisaient étaient composés de violon, de deux guitares et d’une contrebasse.
Les caractéristiques de la musique manouche
Le guitariste qui joue le rôle d’accompagnateur fait la pompe, c’est-à-dire, il joue des accords sur tous les temps. Comme le jazz swing, ce sont le 2e et le 4e qui sont accentués. Le lead réalise en revanche de l’improvisation. Il accomplit un jeu virtuose. Il faut dire que le jazz manouche n’est pas une musique ordinaire et il compte encore aujourd’hui de nombreux adeptes.
Le jazz et le be-bop
Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale a freiné l’expansion du jazz. Les déplacements étaient impossibles pour les groupes. En raison de ce problème de mobilisation, les jazzmen se contentaient de travailler leur musique et de faire des expérimentations. Le be-bop a alors fait son apparition.
L’histoire du jazz Bebop
L’interruption des tournées permettait aux jazzmen de faire de nombreuses expériences en usant de leur créativité. La réalisation de ce genre de travail était impossible lorsqu’on jouait avec un grand orchestre. Des musiciens talentueux ont alors apporté des innovations importantes dans les techniques de jeu appliquées dans le jazz swing. C’est ainsi que le Bebop ou bop est né. Son émergence dans les années 40 a bien marqué l’histoire du jazz.
Quelle est sa particularité ? Avec le bebop, il y avait un véritable retour aux sources. En effet, l’époque du bebop a mis fin aux grands ensembles de jazz. On jouait en petit groupe et le Quintet était devenu la norme. Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Charlie Christian et Thelonius Monk font partie des pionniers de ce style de jazz.
Caractéristiques du Bebop
Le Bebop est un style de jazz très exigeant et complexe et sa pratique pourrait décourager les novices. C’est une musique jouée à des tempos très rapides. Par ailleurs, il faut réaliser des improvisations sur des grilles harmoniques complexes. Les accords peuvent changer à chaque mesure. Autrement dit, les thèmes d’improvisation sont souvent complexes et virtuoses.
Voulez-vous jouer du Bebop ? Vous devez d’abord maîtriser la technique de votre instrument. En général, le thème est exposé à l’unisson au début et à la fin du morceau. Il est initié par le saxophoniste et la trompettiste. Mais au milieu de l’interprétation, les musiciens doivent démontrer leur talent tour à tour.
Notons que les instruments de musique les plus utilisés en be-bop sont composés de :
- Une batterie,
- Une contrebasse,
- Un piano,
- Quelques cuivres.
La plupart des morceaux joués sont ceux composés pendant l’ère du swing comme « Hot House » de Charlie Parker.
Le Jazz moderne
Au fil du temps, les musiciens vont commencer à apprendre la musique et le solfège. Certains d’entre eux ont intégré les conservatoires, ce qui a donné naissance à un style de jazz plus intellectuel. Certains artistes comme Lester Young, Lee KOnitz, Stan Getz et Chet Baker ont envisagé le jazz noir américain à la musique classique.
Le terme « Modern Jazz » a donc vu le jour et il va s’imposer dans la décennie à venir. Toutefois, en faisant un peu de recul, le jazz moderne n’est qu’une étiquette, car le Bebop était déjà considéré comme de l’art moderne. Cela dit, les différents styles musicaux nés dans les années qui vont suivre cette période ont acquis ce titre.
Le Cool Jazz
La popularité du Bebop n’a pas duré longtemps. Dans les années 50, une autre ère a commencé : celle du Cool Jazz.
Son histoire
Dans les années 50, le jazz traditionnel était toujours très apprécié. Toutefois, un nouveau style a aussi fait son apparition à New York grâce à Miles Davis. Il s’agit du Cool Jazz. Il a mis fin à la fièvre du Bebop. Ce célèbre compositeur américain a en effet enregistré un album intitulé « Birth of the Cool » en 1950. Il comportait des morceaux basés sur le style Cool Jazz. Il a fini par sortir sept années plus tard, soit en 1957.
La musique enregistrée était en nonette, c’est-à-dire réalisée par 9 musiciens. La section rythmique était composée d’un piano, d’une batterie et d’une contrebasse. Miles Davis était à la trompette. Gerry Mulligan jouait au saxophone baryton et Lee Konitz était au saxophone alto. L’ensemble était complété par un cor d’harmonie, un trombone et un tuba. La sortie de cet album a contribué à la popularisation du style Cool Jazz.
Notons que ce courant musical a provoqué l’apparition du Crossover Jazz-classique. C’est du cool jazz associé à quelques éléments de swing, ce qui le rendait plus expressif. John Lewis, Claude Bolling et Jacques Loussier étaient parmi les pionniers de ce mouvement. Ils ont adapté les œuvres des légendes de la musique classique comme Vivaldi, Sébastien Bach et Ravel.
Les caractéristiques du Cool Jazz
Le cool jazz était un courant dominé principalement par les Blancs. Il se développait surtout sur la côte ouest des Etats-Unis. Le mot « cool » indique que le style est l’opposé du caractère « hot » du Bebop. Il se voulait être plus détendu, plus cool.
C’est une sorte de synthèse entre la musique classique et le jazz. Il faut savoir que les musiciens blancs comme le pianiste Dave Brubeck et le saxophoniste Paul Desmond avaient reçu une forte éducation musicale. L’apparition de ce courant musical était donc une véritable révolution. Il était très différent du Bebop énergique de Gillespie.
Le Cool jazz se présentait comme une musique plus douce et plus mélodique. Nombreux sont les musiciens qui ont déclaré qu’il était plus accessible que le jazz traditionnel. Certains auditeurs le trouvaient plus difficile à cerner.
Le cool jazz se distinguait également par ses arrangements subtils et sophistiqués. Gerry Mulligan et Gil Evans étaient les pionniers dans le domaine. Notons que les interprètes de Cool jazz ont souvent une influence pop. C’est ce qui rend la musique plus soft et plus facile à écouter pour les initiés. Le saxophoniste Sagn Getz et le chanteur Chet Baker font partie des grands noms du Cool Jazz.
Le Hard bop
Apparu dans les années 50, le Hard Bop est un style de jazz présentant une certaine ressemblance au Bebop. Le saxophoniste Sonny Rollins a contribué à sa forte popularité en 1953.
Son histoire
Les musiciens de la côte, notamment les jazzmen noirs, estimaient que le Cool Jazz n’était pas digne de succéder au Be-bop. Ils n’ont pas vraiment apprécié ce côté mondain et cool du jazz. Ils voulaient créer une musique plus vivante et plus énergique, d’où la naissance du Hard Bop. Ce terme a été inventé par le batteur Art Blakey et il servait à décrire la musique jouée par son groupe Horace Silver’s Jazz Messengers.
Auparavant, les musiciens se limitaient à faire des arrangements swing sur les morceaux traditionnels. Mais avec le Hard Bop, ils se lançaient dans un territoire peu connu. En effet, ils ont testé les compositions « modales ».
Appelé aussi « neo-bop », ce mouvement était considéré comme un véritable descendant du Bebop. Il a été en effet influencé par les harmonies du blues et les sentiments spirituels de la musique gospel. Les compositeurs de Hard bop ont créé des mélodies très émotionnelles, un peu plus lentes que le Bebop. Notons que le trompettiste Miles Davis était celui qui a popularisé ce style de jazz. A l’époque, il était parfois nommé « hard swinging ».
Les caractéristiques du Hard bop
Le Hard bop se démarque par son improvisation mélodique et sa forte section rythmique. Si vous écoutez un morceau de ce style, vous allez tout de suite remarquer l’influence blues. La pièce possède aussi un tempo plus lent. Toutefois, elle conserve les éléments harmoniques de son prédécesseur. Les batteurs avaient un rôle important dans les groupes Hard Bop.
Le quintet était la formation la plus courante. Il comporte une section rythmique composée de piano, de contrebasse et de batterie ainsi que deux soufflants, dont un saxophoniste et d’un trompettiste. Ces derniers réalisent des solos improvisés. Horace Silver était l’un des plus grands compositeurs de morceaux Hard Bop.
Le premier album du pianiste Herbie Hancok intitulé « Takin’off », sorti en 1962, mettait en avant ce style. Il a été réalisé par un quintet Hard Bop. Les saxophonistes John Coltrane et Sonny Rollins étaient parmi les meilleurs musiciens ayant exploité ce style. Du côté des trompettistes, les jeux de Clifford Brown ou de Freddie Hubbard ont été très appréciés. Chez les guitaristes, Wes Montgomery était une véritable légende. Quant aux drummers, Art Blakey et Max Roach étaient les batteurs les plus célèbres.
Le Hard Bop est un style de jazz ayant réussi à traverser le temps. Aujourd’hui encore, il est très apprécié des artistes comme David Murray et Charles Mingus. La présence des éléments de gospel et de blues le rend très attrayant.
Le Free Jazz
Le Jazz n’a jamais cessé d’évoluer et vers la fin des années 50, un nouveau style nommé « Free jazz » était né. Il a continué à faire son chemin au cours des années 60.
Son histoire
Le Free Jazz ou « New Thing » a pratiquement brisé les règles établies. Il est connu comme un style « déstructuré ». Pour rappel, le jazz était à l’origine une musique simple, très instinctive qui véhiculait des messages forts sur la vie et l’émotion. Mais les musiciens ont fini par lui donner un aspect complexe. Le Free jazz est justement l’un des styles les plus subtils du jazz.
Le mouvement a été lancé par le contrebassiste et compositeur Charles Mingus. En 1956, il à sorti un album intitulé « Pithecanthropus Erectus ». Pourtant, son histoire remonte en 1949, lorsque Lennie Tristano et Lee Konitz avaient réalisé deux improvisations appelées « Intuition et Disgression ». A l’époque, le style était inconnu des amateurs du jazz.
Il a fallu attendre la sortie de l’album « Something Else » du saxophoniste Ornette Coleman en 1959 pour que le mouvement soit connu. Les deux premiers albums du pianiste Cecil Taylor ont aussi rendu le Free Jazz très populaire.
Les caractéristiques du « New Thing »
L’improvisation libre était un véritable culte pour les pratiquants de ce style de musique. Les musiciens s’offraient beaucoup de liberté. En effet, ils faisaient des arrangements sur plusieurs phrases et ils jouaient à des tempos différents. Leur objectif était d’abandonner la grille harmonique prédéfinie et le tempo stable.
Le nouveau courant a causé une réelle confusion chez certains musiciens. Ils ont même considéré le Free Jazz comme de la cacophonie et ils l’ont rejeté. Mais il s’agissait d’un jazz d’avant-garde, un art élitiste. Il mettait en avant une tentative de retour aux racines. En effet, vous entendez une connotation religieuse et une mise en avant de l’improvisation collective dans les musiques Free Jazz.
Le Latin jazz ou Bossa nova
La musique latine était au summum de sa gloire dans les années 60. Elle a fini par influencer l’histoire du jazz. Le jazz latino ou latin jazz est donc né.
Son histoire
Depuis le début de l’histoire du jazz, l’influence de la musique latine était toujours présente. Elle a également inspiré le jazz depuis les années 40. Le latin jazz a fait son apparition à Rio de Janeiro vers la fin des années 50. Mais il n’a pas vraiment conquis les musiciens que dans les années 60.
L’arrangeur et trompettiste Mario Bauza était le père du latin jazz. Il a initié Dizzy Gillespie à ce style musical, alors qu’ils jouaient dans un orchestre de Cab Calloway. Ce dernier avait créé le premier groupe de jazz latino avec son beau frère Machito. Le band était nommé « Machito and his afro-cubans ».
Les variantes de latin jazz
Le Cubop était le précurseur du latin jazz. Il a fait son apparition dans les années 1940 grâce aux jazzmen Dizzy Gillespie, Charlie Parker et Stan Kenton. Trois ans plus tard, l’Afro-cubain est né. Inventé par le trompettiste Mario Bauza, ce style de musique était joué au Park Palace Ballroom à New York.
Dans les années 60, ce fut au tour de La Bossa Nova de faire son apparition. Il était d’abord célèbre au Brésil avant de conquérir les Etats-Unis et l’Europe. Elle est connue comme une musique à la fois joyeuse et énergique. Elle s’inspirait fortement des œuvres des compositeurs de musique classique comme Debussy. Le célèbre titre « Insensatez » ou « How Insensitive » est par exemple influencé par le Prélude Op.28 n°4 de Chopin.
La Bossa Nova faisait danser les auditeurs, ce qui a d’ailleurs optimisé son succès. Antonio Carlos Jobim était l’un des plus grands compositeurs de musique Bossa Nova. Il était le compositeur de la célèbre pièce « The Girl from Ipanema ».
Les caractéristiques du latin jazz
Le latin jazz est un mélange de rythmes cubains et de Bebop. La section rythmique est généralement assurée par la timbale, les congas, le bongo et autres instruments à percussion d’origine cubaine. Le piano assure le jeu d’accompagnement, les cuivres et la guitare viennent compléter l’ensemble. Le saxophoniste Stan Getz, le guitariste Joao Gilberto et le pianiste Antonio Carlos Jobim étaient parmi les légendes dans le domaine du latin jazz.
Le Soul Jazz
Le Soul Jazz est un descendant du Hard Bop et il présente une forte similarité avec le Rythm’n Blues. Ce style musical a aussi traversé les époques et il continue à séduire les mélomanes.
Son histoire
Le Soul jazz est apparu dans le sud des Etats-Unis vers la fin des années 50. A l’époque, la musique Soul commençait son ascension. Les artistes talentueux comme Etta James, James Brown, Ray Charles et Aretha Franklin y ont contribué. Ils avaient d’ailleurs travaillé le style pour le faire évoluer et le rendre plus agressif, ce qui a donné naissance au Funk.
Le Soul est né de la combinaison des hymnes religieux de l’église afro-américaine avec la musique classique européenne. La première chanson Soul était interprétée par les Staple Singers en 1951 et il portait le titre de « I got a home in tha rock ». Le Soul jazz a puisé ses sources de ce style de musique. Les enregistrements d’Horace Silver, Ray Charles et Sam Cooke ont contribué à sa popularité.
Les caractéristiques du soul jazz
Vous pouvez reconnaître le soul jazz avec ses notes de blues et son rythme typiquement afro-américain. Moins complexe que le hard bop, il a toutefois conservé son tempo lent. Parfois, le rythme pourrait être plus rapide. Certains musiciens mettaient aussi en avant un groove rythmique. Le soul jazz comporte également des phrases musicales plutôt répétitives. Mais sa particularité, c’est qu’il met l’accent sur l’improvisation et l’inspiration.
Plusieurs groupes de jazz ont été séduits par le soul jazz. Ils étaient souvent en trio et ils utilisaient comme instrument de musique un orgue Hammond, une batterie et un saxophone ténor. Le « Sister Sadie » de Silver Horace et « Chat I’d say » de Ray Charles comptent parmi les morceaux les plus populaires.
A suivre...
Publié par Audrey, Sarah et Bertrand, le 22/06/2024 - Mis à jour le 03/07/2024