L'accord de dominante
Bien comprendre la notion de tension et de résolution si caractéristique du système tonal représenté par l'accord de dominante

L’accord de dominante est l’un des piliers de l’harmonie tonale. Il se construit sur le cinquième degré de la gamme et possède une tension naturelle qui appelle une résolution vers l’accord de tonique.
Cette tension vient notamment de la présence de la septième mineure et de la tierce majeure, qui créent un effet de "déséquilibre" très expressif. En musique classique comme en jazz ou en pop, l’accord de dominante joue souvent le rôle de "pont" vers la stabilité. Il prépare l’oreille à un retour au centre tonal, ce qui le rend essentiel dans les cadences.
Comprendre son fonctionnement permet de mieux saisir la logique des progressions harmoniques et d’enrichir ses propres compositions. On peut aussi le colorer ou le détourner pour créer des effets surprenants et expressifs.
Autre point important : la tonalité, ce n’est pas seulement l’armure avec les dièses ou les bémols. Elle se reconnaît aussi grâce aux accords qu’on entend, surtout la tonique et la dominante. Ces deux accords sont comme des repères : la tonique donne un sentiment de repos, et la dominante crée une tension qui veut revenir à la tonique.
Ensemble, ils forment le cœur du système tonal et permettent à l’oreille de savoir "où on est" dans la musique. C'est vraiment un bon moyen de confirmer la tonalité d'un morceau.
Une gamme majeure est caractérisée en premier lieu par sa tonique. C'est la première des sept notes de la gamme et c'est elle qui donne d'ailleurs son nom à la gamme. La tonique de la gamme de Do majeur est la note Do. Cette tonique, et donc par extension l'accord formé sur ce degré, représente le point de référence de la gamme, le centre tonal.
Chaque degré, donc chaque accord, a une fonction harmonique. Il y a trois fonctions harmoniques à connaitre :
- La fonction de tonique : elle est représentée par l'accord de tonique du degré I qui met en avant la stabilité.
- La fonction de sous-dominante : elle est représentée par l'accord du degré IV qui prépare l'accord de dominante.
- La fonction de dominante : elle est représentée par l'accord du degré V. Instable, cet accord exprime une tention entrainant naturellement une résolution pour rétablir l'équilibre harmonique.
Tension et résolution
La notion de tension et de résolution est au cœur du système tonal. C'est elle qui donne une certaine dynamique dans de nombreuses progressions d'accords.
Je vous propose désormais de comprendre d'un peu plus près comment cette tension et cette résolution s'expriment entre le cinquième et le premier degré. Pour cela, il faut évoquer deux aspects très importants :
- L'intervalle qui existe entre ces deux degrés,
- La composition de l'accord de dominante du degré V.

D'une part, il faut savoir qu'une résolution se fait en principe dans un mouvement descendant, allant d'une note aigüe vers une note grave.
L'intervalle entre le degré V et le degré I est un intervalle de quinte descendante. C'est un intervalle très consonant et stable.
En harmonie, les progressions par quintes descendantes sont naturelles et reposent sur la hiérarchie des sons de la série harmonique que j'ai abordée dans la vidéo sur la consonance des intervalles.

D'autre part, il faut évoquer la particularité de l'accord de dominante du degré V. Il possède un intervalle de 3 tons qu'on appelle le triton. Cet intervalle se situe entre la tierce et la septième de l'accord.
Prenons l'exemple de Sol7 (G7) en Do majeur : les notes de cet accord sont Sol, Si, Ré et Fa. Le triton est donc l'intervalle entre Si et Fa. Ces deux notes sont placées sur les demi-tons de la gamme de Do majeur.
Elles sont très attirées au niveau mélodique vers des notes plus stables, à savoir la tonique pour la septième et la tierce pour la quarte. En d'autres termes, Si aura tendance à aller vers Do et Fa vers Mi. On obtient donc les notes Do et Mi qui sont respectivement la fondamentale et la tierce de l'accord de Do majeur.
Pour résumer, en plus de l'intervalle de quinte descendante, la dissonance de l'accord de dominante crée une tension qui appelle naturellement l'accord de tonique. On dit alors que Sol 7 résout sur Do.
Dans une composition musicale, on peut bien entendu mélanger des triades (accords de trois notes), des accords de septième (triades enrichies d'une septième) et même inclure des accords avec un 9ème, 11ème etc.
Toutefois, quand on fait une résolution de l'accord de dominante comme ici Sol7 (G7) vers l'accord de tonique Do (C), on jouera ce dernier sans sa septième majeure. En effet, DoM7 (CM7) est un accord un peu instable ce qui est un comble pour l'accord de tonique du degré I. La septième majeure (la note Si) n'est autre que la sensible de la gamme.
Cette résolution de l'accord de dominante vers l'accord de tonique s'observe dans toutes les musiques du système tonal. C'est ce qu'on appelle la cadence parfaite et la fin de nombreuses progressions d'accords (II V I, VI II V I, IV V I, VI IV V I...).
L'accord de dominante et la présence du triton
L’accord de dominante est caractérisé non seulement par sa fondamentale (note du degré V) et surtout et avant tout par son triton, composé par les degrés IV et VII. Ce triton exerce une tension et accentue la résolution sur la quinte inférieure. Il existe six paires de tritons qui sont :
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