Comme toi - Jean-Jacques Goldman

Nous allons étudier la chanson "Comme toi" écrite et composée par Jean-Jacques Goldman qui est un auteur, compositeur et interprète français. Il est considéré comme l'un des auteurs / compositeurs de chansons les plus influents et les plus talentueux de sa génération.

Au début de sa carrière, JJ Goldman a souvent été comparé à Michel Berger en raison de leur sensibilité poétique commune dans leurs textes. Sa musique a été reprise par de nombreux artistes et il a également écrit et composé pour de nombreux interprètes dont Céline Dion, pour qui il a enregistré plusieurs chansons dont celles de l'album D'eux. A ce sujet, je vous propose également une étude harmonique complète de la chanson Pour que tu m'aimes encore.

 

Le but est donc d'analyser cette chanson sur le plan harmonique, c'est à dire de comprendre sa construction, les accords utilisés et leurs enchaînements. L'étude va se dérouler en trois étapes :

Vous trouverez ci-joint une grille de 32 mesures affichant les 2 premiers couplets et un refrain. Pour chaque mesure figurent les accords - et leurs degrés - utilisés accompagnés des paroles.

 

Mesure 1

Mesure 2

Mesure 3

Mesure 4

Mesure 5

Mesure 6

Mesure 7

Mesure 8

Rém

Rém

Solm

Solm

La7

La7

Rém

Rém

La

I

I

IV

IV

V

V

I

I

V

(elle) avait les yeux clairs et la robe en velours         La

côté de sa mère et la famille autour              Elle

pose un peu distraite au doux soleil         de la fin du

jour

La

 

Mesure 9

Mesure 10

Mesure 11

Mesure 12

Mesure 13

Mesure 14

Mesure 15

Mesure 16

Rém

Rém

Solm

Solm

La7

Rém

La

Rém

Rém

I

I

IV

IV

V

I

V

I

I

photo n'est pas bonne mais l'on peut y voir          Le

bonheur en personne et la douceur d'un soir   Elle

aimait la musique surtout Schuman             Et puis

Mozart

Comme

 

Mesure 17

Mesure 18

Mesure 19

Mesure 20

Mesure 21

Mesure 22

Mesure 23

Mesure 24

Solm

La sus4

Rém

Rém

Solm

La sus4

Rém

Rém

IV

V4

I

I

IV

V4

I

I

toi                        Comme toi Comme toi    Comme

toi                                                      Comme

toi                       Comme toi Comme toi    Comme

toi

Comme toi

 

Mesure 25

Mesure 26

Mesure 27

Mesure 28

Mesure 29

Mesure 30

Mesure 31

Mesure 32

Solm

La7

Rém

Solm

Sib

La sus4

Rém

Rém

La

IV

V

I

IV

bVI

V4

I

I

V

que je regarde tout bas                           Comme toi

qui dors en rêvant à quoi                       Comme

toi,                      Comme toi, comme toi,   comme

toi

Elle

 

La partition fait apparaître un "b" à la clef : la gamme est donc Fa majeur ou sa mineur relative Ré mineur. Observons maintenant les accords utilisés : on note la présence de Rém et l'accord La7, ce sont les deux principaux accords pour en déduire la gamme mineure (ce sont respectivement les accords de tonique et de dominante). Par ailleurs, aucun accord ne nous permet d'envisager la gamme majeure.

D'après cette constation, essayons de donner le contexte harmonique complet dans un tableau synthétique avec en gras et sur fond bleu les accords diatoniques utilisés et sur fond jaune l'accord étranger (Sib7) utilisé à la mesure 29 de notre relevé.

Dominante secondaire		Si7	Do7	Ré7	Mi7	Fa7	Fa#7	Sol7	Sol#7
Degré	I	II	III	IV	V	VI	#VI	VII	#VII
Mineur naturel	Rém7	Mim7b5	FaM7	Solm7	Lam7	SibM7		Do7
Mineur harmonique	RémM7	Mim7b5	FaM7#5	Solm7	La7	SibM7			Do#7dim
Mineur mélodique	RémM7	Mim7	FaM7#5	Sol7	La7		Sim7b5		Do#m7b5
Substitution tritonique	Mib7	Fa7	Solb7	Lab7	Sib7	Dob7	Do7	Réb7	Ré7

 

Cette chanson se distingue parfaitement entre ses couplets et son refrain.

Ils sont écrits par ensemble de huit mesures qui font apparaître la progression harmonique IV V I. Il faut noter que le couplet se termine par la Dominante ce qui renforce le retour sur la Tonique pour commencer, que ce soit pour débuter le couplet suivant ou finir la partie couplet pour aborder le refrain. La dominante s’affirme bien par la présence de la 7ème.

Le refrain repris deux fois consistant à répéter « Comme toi » est quasiment construit sur le même schéma harmonique étudié au cours des couplets, c’est-à-dire IV V(sus4) I. Cependant, la dominante ne comporte plus sa tierce qui a été remplacée par sa quarte (Do# remplacé par Ré). On peut donc s’apercevoir de fait que la dominante n’existe plus en tant que telle puisque son triton a disparu (Do# - Sol).
On observe donc deux tendances au cours de cet ensemble de quatre mesures :

Au deuxième passage l’harmonie reprend ses droits et joue à nouveau la cadence IV V I (mesures 25 à 27). Elle caractérise donc un retour sur une structure très stable, solide et bien en place.

Les mesures suivantes (mesures 28 à 31) reprennent le IV V4 I avec l’apparition d’un nouvel accord non diatonique : Sib. Il s’agit d’une substitution tritonique qui permet de résoudre sur le degré V par demi-ton (on retrouve d’ailleurs cette même cadence en Ré majeur dans la chanson "Là-bas").

La fin de cette séquence se termine par l’accord de dominante "La", ce qui annonce le retour sur l’accord de Rém par une cadence parfaite (V I). Cette cadence est la plus représentative de notre système tonal.

* Avec l'aimable autorisation des éditions JRG et de Jean-Jacques Goldman.

Cette chanson est donc née quand Jean-Jacques Goldman a vu dans un album de photo qui appartenait à sa mère une photo de famille avec un petite fille. Il s'agissait d'une photo classique d'une famille qui pose.

C'est une chanson qui date de 1982 pour parler de la sombre histoire de la Shoah sans jamais la nommer précisément. Il y décrit la vie banale d'une famille, d'une petite fille, de ses jouets, de ses rêves... C'est toute la force de cette chanson : mettre en opposition l'horreur et l'atrocité de la guerre face à la vie simple et banale d'une famille juive.

Le violon qu'on entend sur la chanson originale n'est pas enregistrée par Jean-Jacques Goldman mais lors de ses concerts, il n'hésitera pas à prendre son violon, un instrument de musique qu'il a étudié étant jeune, pour jouer ce passage musical. L'utilisation du violon vient bien entendu renforcer la tristesse, la fragilité et toute l'émotion que l'on peut ressentir quand on pense à cette période triste de notre histoire.