Foule sentimentale - Alain Souchon
Chanson extraite de l'album "C'est déjà ça" sorti en 1993 - Alain Souchon dénonce dans cette chanson le vide de la société de consommation

Le but est d'analyser sur le plan harmonique, c'est à dire de comprendre sa construction, les accords utilisés et leurs enchaînements, d'un court extrait (8 mesures) de la chanson "Foule sentimentale" composée en Mi mineur.
Pour une fois, ce n'est pas une collaboration avec Laurent Woulzy puisque les paroles et la musique sont signées Alain Souchon (1993 by BMG Music Publishing France - 10 rue de Duphot - 75001 Paris).
Cette chanson est présente sur l'album C'est déjà ça sorti en 1993. C'est sans nul doute une des meilleures chansons françaises pour dénoncer la société de consommation, ou plutôt l'hyper-consommation.
Cette chanson a été reprise dans de nombreux pays en Europe et est élue Chanson de l'année aux Victoires de la musique de 1994.
L'étude va se dérouler en deux étapes :
- Définition du contexte harmonique (tonalité principale, gamme et accords diatoniques ou non utilisés)
- Explications sur la construction harmonique de la chanson - Enchaînement des accords
Vous trouverez ci-joint une grille d'accords reprenant une grande partie de la chanson. Pour chaque mesure figurent les accords - et leurs degrés - utilisés et accompagnés des paroles comme repère.
Les premiers couplets sont construits sur une structure de 8 mesures qui commencent et terminent par l'accord de Mim (degré I).

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Alain Souchon
Alain Souchon est un auteur, compositeur et interprète français né en 1944 au Maroc. Il est né sous le nom Kienast mais il a rapidement changé son nom pour avoir celui de son père géniteur puis mari de sa mère, Pierre Souchon. Ce dernier meurt dans un accident de la route alors qu'il n'a que 14 ans. Ce fut une épreuve à laquelle il fait allusion dans certaines de ses chansons.
Il n'était pas un élève brillant semble-t-il et était sans nul doute un enfant rêveur. Il a fait pas mal de petits boulots, en Angleterre puis en France. A 24 ans, il décide de se lancer dans la chanson mais cela ne fonctionne pas vraiment.
On ne peut pas parler d'Alain Souchon sans évoquer Laurent Woulzy qu'il rencontre en 1974, alors âgé de 30 ans. C'est la naissance d'une longue amitié qui va aussi se traduire par une collaboration, dès le premier album d'Alain Souchon J'ai dix ans (avec les titres Bidon, Jamais content...) en réalisant les arrangements.
Cette collaboration qui dure depuis des années désormais révèle une extraordinaire complémentarité entre les deux hommes, Alain Souchon étant plutôt l'auteur des textes de chansons et Laurent Woulzy le compositeur/arrangeur. Les parcours d'Alain Souchon et de Laurent Woulzy ne vont cesser de se croiser et le texte du premier grand succès de Woulzy, Rockollection, est signé Alain Souchon.
Il fait partie de cette nouvelle vague de chanteurs et il est un peu en décalage avec les autres, un peu fragile, sentimental et n'hésite pas à parler de ses sentiments ou émotions comme par exemple dans la chanson Allô maman Bobo.
En 1979, il fait son premier Olympia. Les deux artistes vont mener en parallèle leurs carrières solo au début des années 80. En 1988, l'album Ultra moderne solitude est plus sombre. En 1991, l'album Nickel (son 3ème album Live) remporte le titre de meilleur album de l'année aux Victoires de la musique.
C'est dans ce contexte que sort l'album C'est déjà ça porté par la chanson, le tube Foule sentimentale qui aura un succès immédiat. Cette chanson n'a qu'un seul objectif : dénoncer une société de plus en plus tournée vers la consommation à outrance. On y retrouve le style Souchon avec des paroles simples, en rimes mais avec toujours beaucoup de finesse, de sensibilité et de jeux de mots.
Les albums vont se succéder dans les années 2000 et il faudra attendre 2014 pour qu'il enregistre avec Laurent Woulzy un album de duos.
Alain Souchon est également acteur et a joué dans de nombreux films pour lesquels les critiques ont toujours été très bonnes et le public conquis. On peut citer Je vous aime avec Catherine Deneuve, Tout feu tout flamme avec Yves Montand et Isabelle Adjani qu'il retrouvera dans l'Eté meurtrier.
Alain Souchon / Jean-Jacques Goldman : même combat :)
On peut faire un parallèle avec la chanson de Jean-Jacques Goldman, Les choses. C'est d'ailleurs ce mot qui revient souvent dans la chanson de Souchon : D'avoir les quantités d'choses - Qui donnent envie d'autre chose ... puis Que des choses pas commerciales. Dans la chanson de Jean-Jacques Goldman, on a par exemple : Sans chose, je n'existe pas, Les choses me donnent, Je prie les choses et les choses m'ont pris, Je prie les choses, elles comblent ma vie.
Si on fait toujours un parallèle entre les deux chansons, Goldman et Souchon partagent la même idée : Que le bonheur c'est d'avoir pour Souchon, C'est plus "je pense" mais "j'ai, donc je suis" pour Goldman. Dans les deux titres, on parle des choses et bien entendu de possession. La possession est devenue reine, il faut posséder pour exister. Pour Alain Souchon, Que le bonheur c'est d'avoir - De l'avoir plein nos armoires et pour JJ Goldman : Le bonheur est possession.
Autre parallèle intéressant : Souchon parle des "représentants", des icônes de cette société de consommation et d'apparence : "On nous Claudia Schiffer on nous Paul Lou Sulitzer" et Goldman en fait de même avec M. Jordan et ses chaussures : J'ai le parfum de Jordan, Je suis un peu lui dans ses chaussures.
La seule différence entre ces deux titres tout compte fait est qu'Alain Souchon garde un certain optimisme tout de même et il le fait savoir dans son refrain. Il y voit une foule sentimentale avec des idéaux, des rêves et une forme de rébellion qu'il faut avoir : Il faut voir comme on nous parle. Au contraire, Jean-Jacques Goldman est plus sombre et plus critique dans sa pensée, le dernier couplet se termine ainsi par exemple : Le "bon langage", les idées "qu'il faut" - C'est tout ce que je vaux.
Sur le plan musical, ces deux chansons sont un peu équivalentes : ce ne sont pas des chansons tristes, au contraire, elles se prêtent même à danser et à chanter alors que le thème est assez triste au fond. Les couplets et refrains sont bien identifiés, les chansons sont simples comme celles et ceux en fait qui participent à cette hyper consommation.