La musique et le cinéma muet
La musique joue un rôle crucial dans le cinéma, et plus particulièrement dans le cinéma muet pour notamment exprimer les sentiments
Mariage entre la musique et la publicité
Aller au ciné fait partie des moyens de divertissement les plus prisés en France. Les cinéphiles ont chacun leur préférence en ce qui concerne le genre de film à regarder. Si certains vouent une passion pour les histoires fantastiques, d’autres ont une penchée pour les romans d’amour, les films de science-fiction ou bien encore les films d’action.
Le film muet a également ses adeptes. Le succès de la comédie romantique intitulée « The Artist » réalisée par Michel Hazanavicius le témoigne. Notons que ce film rend hommage aux grands compositeurs du cinéma hollywoodien. La musique joue un rôle important au cinéma, il l'est d'autant plus dans le cinéma muet.
Le cinéma muet et son histoire
Depuis des lustres, l’art fait partie entièrement de la vie des hommes et il sert le plus souvent à matérialiser ou à mémoriser des évènements importants. Nos ancêtres ont par exemple utilisé les peintures, les fresques et les sculptures pour raconter leur histoire. Au fil du temps, de nouvelles formes d’art basées sur le mouvement ont vu le jour. C’est le cas de la musique, de la danse et du cinéma.
Selon l’histoire, la naissance du « phénakistiscope » en 1832 est à l’origine de l’apparition du cinéma. Cet appareil ayant l’aspect d’un disque rond en carton comportant des fentes avait pour fonction d’enregistrer des images en mouvement. Il fallait attendre l’année 1888 pour que la première caméra voie le jour. Ce fut une œuvre d’un certain Louis Aimée Augustin Le Prince. Ce dernier n’a pas cessé d’améliorer sa création et il était à l’origine de plusieurs films anciens.
S’il faut parler du cinéma muet, il a vu le jour vers la fin du XIXe siècle, et ce, grâce aux Frères Lumière. À l’époque, les outils qui permettent d’enregistrer des images et du son en même temps n’existaient pas encore. C'est pourquoi il était impossible d’introduire des dialogues dans les films.
La musique et sa relation avec le cinéma muet
Cinéma sans paroles, c’est ce qui définit le cinéma muet. Pionniers du 7e art, les Frères Lumière étaient les premiers producteurs de ce genre de film. En effet, le 28 décembre 1895, ils ont proposé un spectacle original dans le « salon Indien » du Grand Café à Paris. À l’époque, la musique faisait déjà partie de la fête.
Une introduction plutôt discrète
Jusqu’en 1930, leurs projections ne comportaient pas de musique d’accompagnement. Cela dit, pendant le spectacle, un pianiste était présent dans la salle. Installé dans le noir, le dos à l’écran, le pianiste jouait des airs familiers. Les morceaux qu’il choisit ne sont pas obligatoirement adaptés au thème du film. Dans les salles les moins glamour et lors des fêtes foraines, il n’y avait pas de musiciens.
En effet, ils ont cédé leur place aux phonographes. L’avantage, c’est que les chansons diffusées sont souvent en adéquation au thème du film. Toutefois, le même morceau risque de se répéter à maintes reprises durant le spectacle, ce qui a plutôt agacé les spectateurs. Un grand changement a été constaté au début du 19e siècle. Dans les salles de cinéma les plus prestigieuses, un orchestre était présent. Le chef sélectionnait soigneusement les morceaux à jouer parmi les répertoires des grands auteurs comme Bach, Debussy et Stravinsky.
L’apparition des directeurs musicaux
L’année 1911 a été marquée par l’apparition des directeurs musicaux qui travaillaient avec les grandes salles de cinéma aux Etats-Unis. La naissance des catalogues de mood music était aussi au rendez-vous. Il faut citer, entre autres, Suggestion for Music des films Edison (1909), Sam Fox Moving Picture Music Volumes de J.S. Zamacki en 1913 et Motion Pictures Moods for Pianists and Organists : A Rapid-Reference Collection of Selected Pieces d’Ernö Rapee en 1924.
Ces ouvrages musicaux réunissent des compositions authentiques aux thèmes variés. Certaines œuvres mettent an avant une ambiance ou une humeur. Elles conviennent bien à des scènes d’amour, de terreur, de haine ou de tension. D’autres pièces s’associent bien à des décors, des paysages ou des situations. Enfin, il y a aussi des mélodies faites pour accompagner diverses actions comme des combats ou des poursuites.
Le rôle de la musique dans le cinéma muet
La plupart des spectateurs ignoraient que la musique avait un rôle très important lors des projections de film muet. Découvrez lequel !
Établir le lien entre le show et le spectateur
Selon certaines sources, la musique servait surtout à couvrir les bruits du projecteur et de tous types de nuisances sonores en provenance de l’extérieur. Il faut dire qu’à l’époque, les salles de cinéma étaient de simples espaces exposés aux bruits. Or, ils empêchent les spectateurs d’apprécier réellement l’histoire racontée par les personnages muets qui défilent à l’écran. En effet, il suffit du bourdonnement agaçant d’une abeille ou les bruits de conversations pour rompre le charme.
D’après l’explication de William G. Blanchard, un organiste de cinéma, elle avait également pour fonction d’établir la communication entre le public et le spectacle. Entre les cris, les applaudissements, les bruits de pas, les sirènes d’incendie …, la musique était un outil efficace pour capter l’attention du spectateur.
Pour donner vie à l’histoire
La musique joue également un rôle crucial dans la création. Raison pour laquelle, des musiciens étaient présents dans les tournages. À travers leur art, ils créaient l’atmosphère requise sur le plateau et servaient de source d’inspiration pour les acteurs et actrices. En général, le piano et le violon étaient les instruments les plus utilisés. Au fil du temps, il est devenu une habitude d’ajouter des séquences musicales dans le scénario des cinémas muets.
Certes, il y avait parfois un décalage entre les mouvements des musiciens et chanteurs qui s’affichent à l’écran et la mélodie jouée par l’orchestre derrière la scène. Toutefois, cela donnait une touche de charme à l’histoire. Notons aussi que les films muets étaient découpés en plusieurs parties et pour annoncer chaque nouvel acte, les producteurs se servaient de la musique.
En effet, l’orchestre jouait des morceaux qui mettaient en avant les points forts de l’histoire qui va se dérouler lors de la prochaine séquence. Autrement dit, la musique permettait aussi aux spectateurs de bien comprendre l’enchaînement du film. Ainsi, l’accompagnement musical n’était plus improvisé. Le pianiste ou le chef d’orchestre devait bien choisir son répertoire.
Le type de musique utilisée
Quel genre de musique était joué durant les projections ? En général, la musique classique était à l’honneur. Toutefois, le choix des morceaux a évolué avec le temps.
Les œuvres des grands compositeurs dans les répertoires
Si au départ, les musiciens devaient improviser et jouer les morceaux qui leur viennent en tête. Plus tard, ils ont eu droit à des « cuee sheets » et des « suggestions for music ». Bien entendu, ce sont des répertoires édités spécialement pour les orchestres chargés d’animer les projections de film muet. Particulièrement riches, ils réunissaient les œuvres des compositeurs de renom comme Bach, Beethoven et Debussy.
Ces répertoires ont été classés par thèmes, ce qui facilitait la tâche du chef d’orchestre ou du pianiste engagé par les producteurs. Ils étaient en mesure de trouver un morceau adapté à chaque situation. Pour accompagner une scène qui se déroule pendant une nuit paisible par exemple, ils pouvaient jouer la « Sonate au clair de lune ». En revanche, pour accompagner les noces, les musiciens jouaient la « Marche nuptiale » de Mendelssohn.
Les compositions originales à l’honneur
Avec le temps, les pionniers du cinéma rivalisaient d’imagination. Ils voulaient donner une touche plus esthétique et unique à leurs créations en vue de les valoriser au mieux. Les réalisateurs voulaient alors avoir une musique d’accompagnement plus originale. Ainsi, ils faisaient appel à un compositeur pour leur fournir une partition unique. En 1908, la Société Le Film d’Art a produit le film intitulé « L’Assassinat du Duc de Guise » de Charles Le Bargy et André Calmettes.
Pour donner vie à l’histoire, elle a demandé à Camille Saint-Saëns de composer une musique d’accompagnement spécial. À partir de 1926, la pratique s’est démocratisée. Les grandes productions ont engagé des compositeurs pour créer des musiques adaptées aux films qu’ils produisaient. Ils faisaient ensuite appel à un grand orchestre pour jouer le morceau original créé.
Cela dit, les créations des illustres compositeurs comme Beethoven, Debussy, Bach, Liszt et Wagner étaient toujours utilisées en début et en fin de projection ainsi que durant les entractes.
La synchronisation entre la musique et le cinéma muet
L’évolution technologique a apporté un grand changement dans la réalisation des cinémas muets. En effet, il était désormais possible de synchroniser les images et les motifs musicaux. Bien entendu, le résultat était encore médiocre. Mais les réalisateurs comme Alexandre Nevsky faisaient tout le nécessaire pour trouver une meilleure concordance entre la musique et les mouvements des acteurs.
Leur objectif, c’était de ne plus recourir au service des musiciens durant les projections. Ils voulaient que la musique soit enregistrée à l’avance et de les diffuser en même temps que le film. La vraie difficulté reposait au niveau de la stabilisation de la vitesse d’enregistrement et de lecture des images et de la musique. Avec le temps, les choses s’amélioraient. La musique d’accompagnement donnait plus de vie aux films muets.
Elle mettait en évidence chaque émotion ressentie et exprimée par les acteurs et actrices. Notons que cette évolution dans la production du cinéma muet était à l’origine du cinéma parlant.
Publié par Bertrand le 16/04/2020